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13 octobre 2018

Première journée dans une grande école d'ingénieurs

Nous sommes début septembre, c'est la rentrée dans une grande école d'ingénieurs de la région parisienne. Les élèves, et ils sont nombreux, font la file pour s'inscrire. Dans le même temps, les différentes associations et partenaires de l'école tiennent leur stand, espérant également en profiter. Mais pas toujours de la façon la plus honnête.

On remet au début une feuille aux élèves en leur demandant de passer à chaque stand et de faire viser. Bien entendu, rien de tout cela n'est obligatoire, mais la rédaction du papier et les indications des élèves de deuxième année à l'accueil font tout pour donner un caractère administratif à cette cérémonie.

À l'un deux, l'association informatique propose de vous connecter à Interne. Ou plutôt « Internet » : des protocoles sont bloqués, on peut être déconnecté à la discrétion des membres (comprendre : si votre utilisation du réseau gêne leurs parties de jeux en réseau), la direction de l'école a accès à votre connexion, et vous vous ferez convoquer par la DSI si vous allez sur des sites interdits. Kim Jong-Un, nous voilà. Les torrents ont été bloqués, « pour éviter le piratage ». Ah. Mais un serveur de films et séries piratés étant disponible sur le campus, il faut chercher la vraie raison : l'association ne paie pas un vrai accès à Internet, elle se contente de se brancher au réseau « Renater », destiné théoriquement uniquement à la recherche et l'enseignement, mais qui sert en réalité d'accès principal au réseau des élèves. Des habitations étant présentes à 500 mètres du campus, il aurait tout à fait été possible de déployer la fibre optique sur le campus, mais la DSI avait peur de perdre le contrôle de l'accès internet des étudiants et ainsi « nuire à l'image de l'école ». Magnifique raisonnement.

3 autres stands sont ceux des banques, où vous signez des contrats de plusieurs pages écrits tout petit. Le respect de la légalité est bien entendu toujours présent « Vous avez déjà un PEL ? Ouvrez-en un deuxième ! ». Ce qu'on ne vous dit pas est qu'une fois créé, le solde du compte est à quasi zéro, et passe en négatif un mois après sa création. Il faut alors courir dans les bureaux de la banque, zigzaguer entre les agences « ce n'est pas possible de faire ça ici, allez plutôt à la ville voisine », aller envoyer des LRAR pour le fermer. C'est une façon originale de se faire des nouveaux clients... S'inscrire à ces banques permet d'obtenir des réductions pour le Week-end d'intégration, ce qui permet de motiver les élèves à s'inscrire.

Un autre stand est celui du bureau des élèves et de l'association des résidents, qui « organisent des événements sur tout le campus » et auxquels il faut donner 100 € si on veut passer. Le stand est ouvert uniquement le premier jour de l'année, car dès le deuxième on se rend compte que la carte de cotisant au bureau des élèves n'est jamais demandée par personne et ne sert à rien. Il n'est pas possible de cotiser à une seule de ces associations séparément de l'autre (il faudrait alors, j'imagine, essayer d'expliquer ce qui relève de l'une et de l'autre, ce qui n'est pas tâche aisée...).

Certains plaisantins en profitent et impriment une charte aux termes abracadabrantesque en demandant 5 euros pour la « caisse de solidarité ». Ils les rendront aux élèves postérieurement, bien sûr, mais cela reste une façon de montrer l'absurdité de ces stands où on signe tout et n'importe quoi sans faire attention.

Enfin, le plus important est d'obtenir sa chambre. Problème, cependant : il est impossible de s'y faire domicilier, et donc d'avoir certaines aides comme « mobili-jeunes ». Le choix des chambres est effectué à la discrétion de l'association des résidents, le trombinoscope leur servira donc à repérer les jolies filles de première année pour les loger au même étage qu'eux (véridique). Un nommé Tom est mis dans la même chambre qu'un nommé Jerry, car « c'est rigolo ». On ne choisit pas sa chambre en début de première année, mais il est possible de demander par la suite à déménager, à la discrétion toujours de l'association des résidents qui répond à vos tentatives de contact à peu près aussi bien que l'ancien opérateur télécom Noos.

Magnifique journée que ce premier aperçu d'une grande école d'ingénieurs qui se vante d'être « l'élite de la nation ».

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